En décidant d’abaisser le principal taux directeur de 0,25%, l’actuel chef de la Banque Européenne, l’Italien Mario Draghi, s’affirme d’entrée à peine investi dans ses nouvelles fonctions. Les observateurs sont manifestement surpris par cette décision, alors qu’il y a 5 mois l’ancien chef de la BCE Jean-Claude Trichet avait rehaussé le taux de refinancement. Quel sera l’impact de cet abaissement sur le crédit aux particuliers ?
Le principal taux directeur de la BCE est un taux de refinancement qui fixe le coût de l’emprunt pour les banques. Celles-ci peuvent en effet emprunter auprès de la banque communautaire quand elles ne trouvent pas de solution sur le marché interbancaire. Chaque semaine la BCE émet des emprunts auxquels ont accès les banques et qui leur permettent de se refinancer à court terme. Le taux directeur est un baromètre pour le coût du crédit dans la zone euro. Quand le taux baisse, le coût de l’emprunt est automatiquement réduit pour les banques, qui répercutent logiquement le mouvement sur le crédit aux particuliers. Les ménages profitent indirectement de l’abaissement du taux directeur de la BCE et consomment plus facilement. L’effet induit est une hausse des prix qui peut, à terme, provoquer un reflux de la demande. Dans le schéma inverse, un taux directeur en hausse augmente le coût du crédit pour tous et bloque ainsi la spirale inflationniste. C’est le cercle vicieux de l’économie.
Depuis la crise de 2008, la Banque Européenne n’a eu de cesse de relancer une croissance en berne et a du, pour ce faire, baisser le taux directeur plusieurs fois et le faire stagner à son seuil le plus bas, 1%. L’inflation reprenant une courbe ascendante, le taux est repassé à 1,25% en début d’année puis 1,5% en juillet dernier. Le spectre du marasme économique étant de retour, la BCE doit réagir fermement pour redonner confiance et permettre aux banques de se retrouver dans une position favorable pour faciliter l’accès au crédit. Au risque d’augmenter le taux de l’inflation.
Les taux de crédit immobilier ont légèrement augmenté en ce début de novembre, 0,10% en moyenne, voire 0,20% chez certains établissements bancaires. L’OAT 10 ans qui sert de référence aux banques pour déterminer les taux fixes des crédits à l’habitat est passé en quelques semaines de son niveau le plus bas (2,45%) à 3,30% (en date du 26 octobre). Après 4 mois de stagnation, les taux sont repartis à la hausse, les banques engluées dans les difficultés de la dette grecque n’ont eu d’autre choix que de répercuter cette hausse sur les taux proposés aux particuliers. Leur besoin de refinancement oblige la BCE à contracter le principal taux directeur. Il n’est pas acquis que les banques répercutent cette baisse sur les taux de crédit immobilier, au mieux on peut espérer un statu quo.